J’ai rêvé qu’on pouvait s’aimer au souffle du vent (air connu).

Non. Moi j’ai rêvé de trouver un titre original pour cet article.

… Moment de réflexion…

« Un show XXL »

Mouais. Facile et en plus elle ne la chante pas.

Quoi ? Ben « XXL ». Va falloir y mettre du votre ! Si vous ne connaissez pas les titres de Mylène Farmer, vous allez passer à côté de la moitié de mes jeux de mots.

En revanche, c’est vrai. C’est un show hors norme, dans une salle hors norme assuré par une artiste hors norme. Du genre qui ne laisse personne indifférent, « clivante » comme on dit maintenant. Qu’on adore (les fans viennent du monde entier et certains n’hésitent pas à camper plusieurs jours avant le concert, devant la salle, pour être sûrs d’être au premier rang) ou qu’on déteste (par pitié, épargnez-moi le « elle a pas de voix et on comprend rien de c’qu’elle dit »).

ATTENTION ! Alerte Spoiler !

Ne regardez pas les vidéos si vous devez assister à un prochain concert ! Gardez le mystère et revenez lire mon récit après !

L’entrée est époustouflante par le haut de l’Aréna, comme si Mylène Farmer descendait de la lune.

Les lumières et le son fusent de tous les côtés durant plus de deux heures.

Et heureusement que la production n’a pas lésiné parce qu’il faut bien tout ça pour occuper entièrement l’espace de cette salle, qui est la plus grande d’Europe.

Deux écrans géants encadrent la scène longue de soixante mètres. Sept autres sont accrochés à travers l’Aréna pour permettre aux 27 000 spectateurs de se sentir intégrés dans cette immensité. Des vidéos accompagnent presque tous les titres en créant des tableaux uniques.

Entre les danseurs et les musiciens, il y a plus d’une vingtaine de personnes sur scène.

235 000 spectateurs attendus en 9 soirs.

150 tonnes de matériel dans 70 semi-remorques (me semble-t-il avoir lu ou entendu).

Mais j’arrête avec les chiffres.

Les chiffres, ça ne fait rêver que les comptables (et mon père en son temps mais ça, c’est une autre histoire). Les chiffres ne reflètent pas les sentiments. Et bizarrement, au milieu de ce gigantisme, je crois bien que c’est avant tout l’émotion qu’on vient chercher dans les concerts de Mylène Farmer. C’est un peu comme au pays de Candy, « on s’amuse, on pleure, on rit. Il y a des méchants et des gentils ».

Bon… J’en étais où ?

Ah oui, le titre.

Du coup, « Au pays de Mymy » ?

Au secours !

« Le retour de l’Ange roux ». (Ouais, avec un A majuscule !)

Mièvre…

En plus, elle l’est de moins en moins. (Rousse. Pas angélique, elle ne l’a jamais été !)

Avec une coiffure bien moins sophistiquée soi dit en passant et étonnamment, ce naturel lui va bien.

Les costumes dessinés par Jean-Paul Gaultier aussi brillent par leur (apparente) simplicité. Chic, classe mais pas trop cliquant. Mention spéciale à la déclinaison de la marinière, notamment en version « combishort » qu’il faut assumer à (quasi) 58 ans !

Mais revenons-en au titre…

« Génération Des enchantés ».

Déjà fait mille fois, non ?

Mais jolie référence AU titre le plus attendu par le public et que Mylène Farmer chante obligatoirement à TOUS ses concerts. Pour le reste de la Setlist, comme souvent, elle ne fait pas l’unanimité. Mais comment satisfaire tout le monde quand on a 35 ans de carrière et qu’il faut extraire une vingtaine de titres seulement ?

Perso, je troquerais bien « Histoires de fesses » que je trouve tellement convenu (déjà sur l’album) contre « Que mon coeur lâche » ou « Du temps », par exemple.

Je suis moyennement convaincue par « M’effondre » même si le tableau est visuellement très réussi et je lui préfèrerais bien « C’est une belle journée ».

En revanche, la séquence émotion est très belle avec un inattendu « Un jour ou l’autre », un touchant « Innamoramento », un poignant « Ainsi Soit Je » et l’incontournable « Rêver »… Que j’aurais bien contourné, j’en peux plus ! Mais c’est tellement joli quand des milliers de personnes reprennent en choeur « j’ai rêvé qu’on pouvait s’aimer » que je m’incline !

Pour l’anecdote, Mylène, sans doute ultra stressée et concentrée le premier soir n’a quasiment pas parlé au public. Mais « une vrai pipelette samedi soir » comme dirait mon ami Cédric et j’ai adoré le « Je sais que je pleure beaucoup. Je peux agacer. Mais c’est mon émotion ». En tant que pleureuse professionnelle, ça m’a beaucoup plu !

Du coup, « Ainsi soit Elle » ?

Non, déjà vu et revu.

« Mylène Farmer : l’ultime désobéissance »

Pourquoi pas mais ce serait remuer le couteau dans la plaie avec justement l’absence de la chanson « désobéissance » apparemment regrettée par une majorité de fans (et je les comprends) alors que c’est le titre de l’album !

Je me suis consolée avec la nouvelle orchestration de « Sans logique » ! Pour moi un des plus beaux moments, (bravo à Olivier Schultheis qui s’est occupée des arrangements) avec ces paroles que j’aime toujours autant : « si chaque fois qu’en bavardage nous nous laissons dériver, je crois bien que d’héritage mon silence est meurtrier ». (Je vous laisse méditer. Vous avez deux heures et je ramasse les copies).

Côté duo, on est loin de la magie de « Mad world » avec Gary Jules sur « Timeless ». Il faut se contenter de la présence virtuelle de Sting et l’oubliable « N’oublie pas » avec LP a été zappé.

Alors ce titre…

Je renonce au facile « Mylène Farmer sans contrefaçon » qui veut dire tout et rien à la fois !

Même si le show est vraiment sans contrefaçon puisqu’on retrouve tous les codes des concerts de Mylène : la démesure, la mélancolie et la joie alternées, les interludes un peu longs pour qu’elle puisse se changer (eh oh, on n’est pas chez Arturo Brachetti !), les chorégraphies avec tout plein de danseurs (Elle, elle danse plutôt de moins en moins), la séquence émotion au piano, la voix qui se brise et les larmes, la folie des fans mais tout ça en dix fois plus grand que sur les autres tournées.

« Mylène Farmer au moins pour toujours »

Clin d’oeil à « Je te rends ton amour ». Titre dédicacé (il y a bien longtemps lors de leur rupture) à Laurent Boutonnat, auquel on doit beaucoup niveau mise en scène sur ce concert. Là encore, un magnifique tableau !

Et au passage, une possible supplique des fans à leur idole puisqu’il se murmure que ce show pourrait être le point final à une carrière exceptionnelle.

(Gardons espoir, on avait la même crainte sur « Timeless » il y a six ans !)

Mais c’est vrai que la dernière chanson, « L’horloge », un poème de Baudelaire (mis en musique en 1988 sur l’album « Ainsi soit Je ») sur le thème du temps qui passe… a un petit goût amer de « la boucle est bouclée ».

Et la fin du concert ne nous rassure pas avec la disparition de Mylène Farmer dans les flammes…

Alors dans le doute et vu la qualité du show, si vous hésitiez, n »hésitez plus ! On trouve encore quelques places certains soirs.

L’idéal étant même de voir le concert deux fois… Dans la fosse pour apprécier l’ambiance et dans les gradins, de plus loin, pour vraiment apprécier la richesse du spectacle dans son ensemble.

Quant au titre, je serai tentée de dire que « Mylène s’en fout » (référence encore…) et que moi aussi.