Si vous vous rappelez de la chanson de Johnny Hallyday portant ce titre, je vous invite à le lire en chantant.
Parce que moi, j’ai cette chanson dans la tête depuis dimanche soir. (Si vous voulez réviser, cliquez là !)

Tout ça parce que j’ai regardé le film du même nom réalisé par Claude Lelouch aux début des années 70.
Un film que j’ai globalement trouvé assez mauvais et particulièrement brouillon !

Mais en cherchant la date de sortie sur internet, j’ai lu que Claude Lelouch avait dans l’idée « de faire un film sur la confusion, pour montrer à quel point les intellos mélangent tout ». Alors finalement, il a peut-être atteint son but !

Une chose est sûre, si le film m’a laissée perplexe, le titre me va comme un gant (comme une moufle de ski plutôt) depuis mon arrivée à la neige.
J’insiste bien sur le « à la neige » à ne pas confondre avec le « au ski » puisque cette année, Covid oblige, à l’instar de Jean-Claude Dusse, nous sommes tous privés de « planté du bâton »…

J’ai longtemps résisté. Je me disais que monter en station sans pouvoir descendre à fond une piste en écoutant Pia Zadora et Germaine Jackson s’époumoner sur « when the rain begins to fall » était trop difficile. Un peu comme rentrer dans une boulangerie en rêvant d’un pain au chocolat mais n’avoir le droit d’acheter qu’un pain aux six céréales.

Et puis, j’en ai eu marre de promener Jodie autour du même pâté de maisons et j’ai fini par réserver une semaine en montagne.
Après avoir pensé m’exiler au fin fond de la Maurienne dans un chalet coupé du monde, je suis revenue à la raison en choisissant Megève (prononcer Meuuugève et pas Mégève comme les touristes). Au moins il y a un joli village, quelques magasins et des restos pratiquant le « Click and Collect ».

J’ai négocié un appartement en rez-de-chaussée d’un chalet à 3/4 kilomètres du village pour être au calme. Mais avec Wifi et télévision parce que je n’ai pas vocation à regarder la neige tomber en méditant. Je veux bien changer d’air mais pas devenir moine bouddhiste !

Dimanche, tout a bien commencé avec une pause aixoise à midi pour voir des amis. Aucun problème sur la route, peu de monde, beau temps, chaussée claire… Je suis arrivée avant 17 heures pour m’installer tranquille.

Le propriétaire m’ayant expliqué qu’il devait partir à Lyon en fin de matinée, il était convenu qu’il déposerait les clefs dans un endroit secret mais qu’il m’enverrait une photo pour me montrer où, afin de m’éviter une chasse au trésor les pieds dans la neige !
Evidemment, de même que j’ai dû lui réclamer le contrat de location plusieurs fois, j’ai dû lui réclamer la photo. Entre nous c’était pas bien compliqué. En général, c’est soit sous le paillasson, soit dans la boite EDF et comme il n’y a pas de paillasson… Mais je préférais avoir l’info plutôt que risquer de dormir dans la Fiat !

J’avais aussi abordé l’aspect « ménage » avec lui. Parce que je trouve plus sympa d’emménager dans un appart propre plutôt que sale et avec le Covid, j’aime bien l’idée que quelqu’un ait nettoyé avec un peu de javel ici ou là.
« Pas problème, la femme de ménage sera passée, ce sera nickel ».

Nous allons devoir aborder ensemble la notion du mot « nickel »…
Visiblement, dans les locataires précédents, il y avait une dame aux longs cheveux bruns, j’en retrouve partout.
Peut-être des enfants qui déjeunaient avec des tartines de confiture comme en témoignent les traces sur la table de cuisine.
Un père qui ne savait pas nettoyer correctement une cafetière et une mère (qui en plus de perdre ses cheveux) n’était pas très à cheval sur la propreté du micro-onde.
Afin de ne pas trop vous dégouter, je ne mettrai que la photo de l’assiette du micro-onde…

J’ai donc commencé mon séjour par une grosse heure de ménage, ce qui m’a réchauffée et c’est tant mieux parce qu’un appartement vide et non chauffé depuis plusieurs jours dans un chalet vide et non chauffé depuis des semaines, c’est froid…

Heureusement que j’emmène toujours tout un tas de couvertures pour couvrir les fauteuils et canapés à cause de Jodie. On a passé la soirée collées l’une à l’autre pour se réchauffer, emmitouflées dans un grand plaid. J’ai même crû qu’il y avait un problème de chaudière. Mais non, il faut simplement au minimum 24 heures pour se sentir bien. Et le propriétaire a fini par m’avouer qu’il n’avait mis le chauffage qu’à midi, soit quelques heures seulement avant mon arrivée !

Là-dessus, ajoutez un problème de connexion. Pas de 3G (encore moins de la 4 ou de la 5 !), un wifi qui ne fonctionnait pas et un dialogue de sourd avec le propriétaire.
« Mais si, si vous voyez la live box et que vous êtes connectée, ça doit marcher ! « 
« Ça doit… mais ça marche pas ! »
« Mais ça a toujours marché ! »
« Sûrement mais là, ça marche plus ! »
Le tout avec une liaison téléphonique aléatoire bien entendu (enfin, plutôt mal entendu dans cette circonstance).

Et le lendemain matin, non seulement le wifi était toujours en rade mais la télé ne marchait plus.
Alors bien sûr, nombreux sont ceux qui m’ont gentiment dit que c’était peut-être bien une semaine de déconnexion loin des réseaux sociaux et des infos.
Mais moi je suis venue pour changer d’air, bouquiner, me balader mais aussi pour me gaver de séries, de films, écouter de la musique, des podcasts. Et sans internet, pas de Netflix, pas de Deezer, pas de radio, pas de télé…
Heu, je n’ai jamais dit que je voulais vivre la vie d’un ermite ou de Robinson sur son île (au moins il avait chaud, lui).
Accessoirement, pour le boulot, j’ai besoin d’être joignable, de lire mes mails et de pouvoir répondre !
Et vu les circonstances, on oublie l’idée d’aller se poser une heure dans un café du village avec son ordinateur.

J’ai donc refait mes sacs (que je n’avais pas complètement déballés) et décidé de me barrer ailleurs.
Mais le propriétaire a fini par bouger et m’envoyer un Mac Gyver local pour vérifier le chauffage et « rebooter » la box (relancer en bon français ?), ce que j’avais proposé de faire bien sûr… mais elle est dans l’appartement du dessus !
Le wifi est revenu, la télé aussi alors j’ai décidé de me laisser la journée pour décider.

Vous vous souvenez du début « l’aventure, c’est l’aventure » ?

Il neigeait pas mal mais j’ai mis Jodie dans la voiture et nous sommes parties enquêter au village… et faire quelques courses parce qu’évidement je n’avais pas grand chose à manger !
Après un passage à l’office de tourisme, j’ai compris qu’il y avait pas mal de locations libres mais je vous avoue qu’avec la neige de plus en plus forte, j’ai eu un peu la flemme de passer 50 coups de fil pour trouver autre chose. L’idée d’aller visiter, de parlementer, de redéménager tout mon bordel, ça m’a paru bien compliqué alors j’ai fait des courses et je me suis dit que j’allais donner une seconde chance à cet appart (plutôt joli par ailleurs !)

Et hop, nous voilà reparties bravement à l’assaut des routes enneigées, avec mes deux pneus neige (dont c’est la quatrième saison) et ce qui devait arriver arriva… dans le dernier virage et avant la dernière ligne droite, j’ai commencé à patiner, patiner et vlan, nous voilà bloquées au milieu de la route ! Impossible d’avancer ou de reculer. Je braque, je contrebraque, je passe en mode « traction » (censé être plus adapté aux routes glissantes, un 4×4 du pauvre en quelque sorte !). J’y vais doucement, à fond… Rien ! Immobilisée la Fiat 500 X !

A la limite, je pouvais finir à pieds mais laisser ma voiture au milieu de la route, bien calée contre la barrière, ne me paraissait pas une bonne idée, surtout peu après un virage.
J’ai tenté d’appeler Mac Gyver, en pensant qu’il aurait forcement une solution. Effectivement, il m’a suggéré d’appeler une dépanneuse ou d’attendre un automobiliste compatissant « vous allez voir, ils sont solidaires en montagne ». Lui n’étant visiblement pas montagnard alors parce que pas tellement solidaire !

J’ai attendu un bon bout de temps, la route n’étant pas très fréquentée. J’ai vu quelques voitures passer fièrement avec leurs 4 pneus neige sans s’arrêter jusqu’à ce que je sorte pour tenter de trouver de l’aide à l’hôtel pas loin. Un premier gars m’a gentiment répondu de voir avec ses collègues ! Et un autre qui, malheureusement pour lui, passait par là est venu à ma rescousse. Il a d’abord essayé de me faire manœuvrer mais il en est vite arriver à la même constatation que moi. Cette putain de bagnole n’avançait pas d’un centimètre !

Je lui ai suggéré d’appeler des collègues en renfort pour me pousser parce que je sentais bien qu’il n’en fallait pas beaucoup pour que ça reparte. il est retourné au Flocons de sel, charmant petit « relais & châteaux », est revenu 20 minutes plus tard avec… une pelle !
Il a donc tenté courageusement de dégager la route devant mes roues pour que je puisse adhérer au goudron. Sans succès !
J’ai fini par me jeter sous les roues d’une voiture siglée Megève qui descendait. De là sont sortis deux gars qui s’avéraient être des policiers municipaux. Pas bien plus motivés que Mac Gyver, ils ont finalement consenti à se garer plus loin et à venir nous aider.
A trois, ils ont réussi à me dégager légèrement et à m’expliquer que le plus simple pour arriver au chalet était de monter… en marche arrière ! (J’aurais voulu voir ma tête à cet instant précis !)

Je ne vous cache pas que ce furent parmi les 150 mètres les plus longs et difficiles de ma vie ! Mais nous avons fini par arriver avec une Jodie gentiment calée dans son panier mais que je sentais un peu inquiète quand même.

Evidemment vu l’heure et la faim… je n’avais pas mangé de vrai repas depuis la veille à midi, juste de la brioche dimanche soir et lundi matin, j’ai renoncé à quitter le chalet !
Quelques petits farcis (vive le click and collect !) et un morceau de Beaufort (pas en entier je vous rassure) plus tard, ça allait mieux et je me suis enfin installée.
J’ai conscience que mon histoire est beaucoup trop longue alors je vais vous épargner ma journée et les efforts démesurés de Jodie pour ne pas s’enfoncer dans la neige ! Il pleut quasi non stop depuis cette nuit ! Le point positif c’est qu’il ne fait pas froid donc pas de verglas et la neige a fondu sur les routes, ce qui rend les déplacements plus faciles pour les blondes dans une Fiat équipée de deux pneus neige seulement…

J’en avais marre de mon train-train quotidien et je voulais changer. Mission accomplie !
Il semblerait que Dieu, l’univers ou le bon sens tentent de me faire passer subtilement un message du genre « tu vois, tu râlais que tu avais marre d’être coincée chez toi mais finalement, t’es pas si mal tranquille dans ton appart propre et chaud ».

Alors sur ce, je vous laisse profiter de votre routine.
Je vais bien et j’espère de tout cœur que vous aussi.