Je vais bien.

Mais.

Voilà, nous y sommes. il y a un « mais ».

Je vais bien mais je sens le virus se rapprocher.

Les soeurs de deux amies présentent tous les symptômes.

Je connais donc officiellement des personnes qui ont le Covid 19. Pas dans le cercle familial proche mais je les connais. Ce ne sont plus « des gens » anonymes.

La saloperie rôde de plus en plus près.

Elle se rapproche tout doucement la garce.

Et je ne sais pas vous mais je déteste sentir cette épée de Damoclès au-dessus de ma tête. Tombera ? Tombera pas ?

A chaque « coup de mou », léger mal de tête, éternuement ou douleur dorsale, j’ai l’impression que ça y est, c’est mon tour !

Je commence presqu’à souhaiter être malade. Pour ne plus avoir la peur de. Pour en finir. Pour en sortir vainqueur. Grandie. Immunisée !

Et lâchement, pour ne pas risquer d’être au plus mal pendant « le pic ».

Ce « pic » redoutable et redouté par les soignants et les malades.

Il parait que « Nous sommes en guerre ».

Je prendrais bien le maquis si je le pouvais !

Aujourd’hui j’ai écrit une lettre à mon oncle de 98 ans retranché dans sa maison de retraite (à 4 kilomètres de chez moi, ça parait ridicule !).

Confiné dans sa chambre, extrêmement sourd, on ne peut même pas lui téléphoner. Il me tarde de savoir ce qu’il pense de cette expression, lui qui a vraiment connu LA guerre.

Quand je vois de « petits cons » qui s’affichent fièrement dehors (ils sont de moins en moins nombreux) les uns à côté des autres, je me demande s’ils se prennent pour des francs-tireurs. Combien de ces résistants de pacotille auraient rejoint de Gaulle à Londres en juin 1940 ?

Je donne des leçons mais il faut que je vous avoue que moi aussi je déraille et je me prends pour une autre.

Hier, en revenant de promenade avec Jodie, j’ai eu l’impression de traverser la ligne Maginot en passant au milieu de la file d’attente devant la poste ! Très bien organisée d’ailleurs puisqu’il y a un traçage au sol pour que chacun reste dans sa case, à un mètre de distance des autres !

A part ça, revenons à l’essentiel.

Ce matin, j’ai parlé depuis le trottoir avec « des vieux » (expression toujours affectueuse de ma part) du troisième étage de mon immeuble. Ils étaient tout contents (et moi aussi) de me voir… Et de voir Jodie qu’ils adorent !

J’ai aperçu Jaqui en vélo qui m’a crié « je te suis sur le blog » ! Et ça m’a fait plaisir !

J’ai perdu un temps fou sur Facebook, relevé un challenge ridicule sur Instagram et beaucoup beaucoup rigolé avec de nouvelles trouvailles, notamment sur les avantages d’avoir un chien.

J’ai moins rigolé en lisant encore que, dans le doute, les gens abandonnaient leurs animaux de peur d’attraper le coronavirus en les caressant ! La SPA ferme ses portes. Les refuges sont bondés. Là aussi c’est la catastrophe.

Alors j’ai essayé de m’occuper en finissant de poser mes pics anti-pigeons. Pour être honnête, ils sont tout à fait inefficaces et il en faudrait sur TOUT le toit et TOUT autour de ma terrasse mais d’un point de vue esthétique, c’est plus joli avec une rangée complète sans trou. (Et surtout je suis complètement psychorigide, j’aime ce qui est aligné et parfaitement symétrique !)

Ouf, plus d’espace vide !

L’après-midi, j’ai encore parlé avec un voisin d’un autre immeuble, un peu plus loin depuis la rue. Je voyais la main de son petit gamin dépasser et s’agiter depuis la fenêtre. C’était mignon. On s’est promis de se faire coucou à 20h à l’occasion du rendez-vous quotidien pour applaudir le travail des équipes médicales. On l’a fait et il m’a envoyé ces deux dessins qui m’amusent beaucoup. Merci Moulay !

J’ai aussi renoncé officiellement à faire pousser une quelconque plante avec mon noyau d’avocat. J’espère que vous n’êtes pas trop déçus ! (rires)

Voilà, chaque jour, je me demande ce que je vais vous raconter mais…

Mais je trouve finalement quelque chose ! (Bon, après on en est qu’au troisième jour ! Ça rigolera moins dans un mois… !)

Au final, je dirais quand même que je vais toujours bien.

Et j’espère de tout coeur que vous aussi.