Cette expo consacrée au couple d’artistes, c’est un peu comme un gros paquet de bonbons sucrés et acidulés. Vous savez, les Régal’ad de « quand on était p’tit ».

On piochait dans le sachet et on ne savait pas sur quel parfum on allait tomber ! On espérait la framboise et c’était le citron.. Un peu trop chimique, un peu trop trafiqué, un peu trop coloré mais tellement bon quand même !

A la Philharmonie de Paris, c’est un peu pareil. Vous venez voir Françoise Hardy, Etienne Daho et Lio et vous croisez Iggy Pop, Mick Jagger et Nina Hagen !

Il faut dire que Pierre et Gilles ont réalisé le portrait de tellement de monde, stars ou anonymes, depuis plus de 40 ans ! On ne se rappelle bien souvent que des plus commerciaux comme la pochette d’Etienne Daho pour « la Notte la Notte » ou ce Jean-Paul Gaultier fleuri.

(Et après on se demandera pourquoi j’aime les marinières !).

Kitsch, vous avez dit kitsch ?

Certes mais pas que…

Il faut regarder au-delà des couleurs et de la légèreté.

Pierre et Gilles puisent l’inspiration en s’immergeant dans l’univers de leur modèle avant de le faire basculer dans le leur. Et derrière l’apparente superficialité, il y a un bien souvent un message beaucoup plus profond.

Juste un exemple avec ce cliché de Mathieu Chédid en « Lucifer de l’apocalypse », trônant au milieu des détritus.

Au premier coup d’oeil, on ne voit parfois qu’un monde idéal, naïf et gay/gai alors que les plasticiens sont carrément irrévérencieux et décalés ! Ils détournent sans vergogne le quotidien et la religion (sans pour autant blasphémer).

Chaque tableau est pensé et repensé dans ses moindres détails. Ils construisent d’abord un décor et installent le modèle dedans. Pierre le photographie et Gilles retouche minutieusement la photo avec de la peinture et parfois des collages.

Un travail d’orfèvre où tout est calculé.

Afin de découvrir encore davantage leur façon de faire, vous avez jusqu’au 23 février 2020 pour visiter la fabrique des idoles, « une installation musicale et visuelle avec une centaine de leurs peintures-photographies réunies, dont certaines exposées pour la première fois. Un juke-box de chansons, deux cents objets issus de leur atelier, des pochettes de disques et des vidéo-clips complètent cet éclairage inédit sur l’histoire d’amour qui lie les deux artistes à la musique ». (dixit https://philharmoniedeparis.fr/fr/exposition-pierre-et-gilles)

Regardez par exemple cette courte vidéo avec un extrait de clip tourné par Pierre et Gilles en 1988 et essayez de reconnaitre la jeune chanteuse qui débutait…

Elle interprétait « Lunettes noires »

Et oui, il s’agit d’Héléna Noguerra, qui à l’instar de sa Lio de soeur, se lançait dans la chanson sous le pseudo de LNA ! Le succès viendra un peu plus tard…

Je ne veux pas tout vous dévoiler mais il y a vraiment des pépites dans cette expo !

Disons simplement que Sylvie Vartan, une de leurs égéries préférées, est particulièrement représentée avec la reconstitution imaginaire d’une chambre de fan.

Reconnaissante, l’ex star des « yéyé » leur a même dédicacé une chanson intitulée Au paradis de Pierre et Gilles.

Ce qui est très sympa, c’est que la visite se fait avec un audio-guide et chaque tableau est accompagné d’un titre de l’artiste représenté ou d’un titre en rapport avec le thème. Là encore, impossible de tout vous citer (et ce serait dommage !) mais moi, je me suis particulièrement régalée avec Marc Almond, connu de tout le monde et de personne…

C’est le chanteur de Soft Cell, interprète de indémodable Tainted Love.

Si si… Ecoutez !

Vous connaissez forcément !

Mais, j’ouvre une parenthèse, Marc Almond a fait beaucoup plus que ce seul titre et je ne saurais que trop vous inciter à vous pencher sur sa discographie. Je referme ma parenthèse mais vous me promettez d’écouter hein ? Allez, juste l’album The stars we are pour me faire plaisir !

Bref, revenons à nos moutons, à bientôt 70 et 66 ans, plus actuels que jamais, Pierre et Gilles continuent leur oeuvre « popartistique » et ont récemment réalisé les portraits de pas mal d’artistes de la jeune génération comme Clara Luciani, Eddy de Pretto, Juliette Armanet ou encore Stromae.

Et j’ose espérer que ce n’est pas fini parce que les bonbons, c’est bon, surtout quand ils sont « fait-maison » !