Cette fois, j’ai engagé une vraie lutte.

Toute la journée.

Je n’ai pas cédé.

C’était compliqué.

Surtout que j’ai mal dormi la nuit dernière et que j’étais fatiguée aujourd’hui.

J’en avais tellement envie.

Il m’a fallu beaucoup de bonne volonté et une discipline de fer.

Et après des heures de combat contre moi-même, j’ai reussi.

J’allais craquer à 18h30 et un coup de fil de ma mère a retardé l’inéluctable.

Ouf, j’ai tenu bon et je n’ai remis mon jogging qu’à 19h.

Mais bon dieu que c’était dur !

Je ne veux balancer personne mais j’en connais une qui télétravaille en pyjama dans son lit… Et je suis sûre qu’elle n’est pas la seule.

En revanche, pitié, que chacun continue à prendre des douches, même si on se tient loin les uns des autres !

A part ça, j’ai déjà constaté 2/3 trucs surréalistes et nous n’en sommes qu’au deuxième jour de confinement.

Je n’ai malheureusement pas pu le prendre en photo mais j’ai vu un mec en tee-shirt avec des gants de ski. (Je vous laisse quelques secondes pour l’imaginer… C’est bon ? je peux continuer ? Arrêtez de rire maintenant !)

Une locataire m’a laissé un message pour me demander (presque me supplier…) de bien encaisser son loyer et de ne pas effectuer de report. Elle avait l’air paniqué ?!?

(Là aussi faut quelques secondes pour réaliser non ?)

Et enfin, j’ai vu sur Instagram, Nicolas Bedos s’emmerder tellement qu’il jouait « les lacs du Conémara » au piano, Izïa devenir cinglée en chantant « le jour 1 » de Louane et ma copine Jil Caplan interpréter un titre inédit sur son chat qui… a vomi !!! (par solidarité sans doute, ma chienne vient de gerber toutes ces croquettes à mes pieds. (Mais je suis bien incapable d’en faire une chanson).

Merci à tous pour ces moments de franche rigolade tellement salvateurs.

Sur Facebook, ça se déchaîne aussi. (Caroline, inutile de regarder, je t’ai tout piqué !)

De mon côté, ça va toujours mais je commence à avoir des idées bizarres.

J’ai ressorti des livres de recettes. Comme si je pouvais aller acheter tout plein d’ingrédients pour les réaliser et que je savais cuisiner !

J’ai gardé un noyau d’avocat parce qu’il me semble qu’on peut le mettre en terre et qu’un truc pousse. Je vais chercher un auto sur internet.

J’ai lavé Jodie ce matin. Ça c’est pas trop bizarre, elle en avait besoin.

Mais je la menace régulièrement d’appeler Christophe Castaner pour lui limiter ses sorties si elle n’est pas sage. Ça c’est déjà plus étrange.

J’ai bricolé.

Enfin… J’ai retrouvé des pics anti-pigeons tombés de mon toit et j’ai tenté de les recoller. Ce qui a nécessité que j’exhume d’un tiroir de la colle forte en 2 tubes à mélanger avec une spatule. Comme je n’avais plus la spatule, j’ai mélangé avec le manche d’une brosse à dents. Après, j’ai dû monter sur un escabeau, agrandir les trous avec un couteau de cuisine et même couper un des pics avec un sécateur.

En réfléchissant, vu mon habileté légendaire pour tous les travaux manuels, j’aurais bien pu finir aux urgences qui n’ont pas besoin de ça.

Mais faudra bien que je finisse parce que regardez, il y a un trou. C’est moche.

Et surtout j’ai des tourterelles qui tapent l’incruste et roucoulent sans vergogne dès potron minet. En période de confinement où je n’ai pas grand chose à foutre, avouez que c’est dommage d’être réveillée à 6h du mat !(surtout quand on s’est endormi à 3h)

Au milieu de tout ça, j’ai pas mal écouté la radio ou la télé. J’ai banni les chaines anxiogènes et je vous recommande « Grand bien vous fasse » d’Ali Rebeihi dans la matinée sur France Inter et France Info TV, assez factuelle et neutre, dans la journée.

J’ai croisé la voisine d’en face qui allait aux poubelles et on était anormalement contentes de se parler (à distance respectable je vous rassure) 10 minutes, devant des containers puants, à côté des chiottes publiques.

J’ai envoyé un mail aux « vieux » (pardon mais je préfère cette expression à « personnes âgées ») de mon immeuble pour proposer de leur amener ce dont ils avaient besoin puisque je continue à sortir Jodie au moins 4 fois par jour. Tous (sauf le plus grincheux) m’ont répondu gentiment. Pour l’instant, ils vont bien et ils ont tout ce qu’ils faut mais au moins, ils savent qu’ils peuvent me demander.

J’ai reçu des chaines de bisous virtuels et autres coeurs à poster en statut Facebook, que je ne relaie pas parce que je n’aime pas ce genre de chaines mais ça m’a fait sourire.

En revanche, ce soir, à l’appel du #OnApplaudit il y a effectivement eu des applaudissement, des cris et quelques hourras aux fenêtres de ma rue en soutien au personnel médical. Je ne pensais pas que cette initiative prendrait une telle ampleur, encore moins dans ma petite ville de province. Je suis sortie sur le balcon, j’ai sifflé le plus fort possible et je suis rentrée. Je ne sais pas pourquoi mais ce maigre instant de communion m’a émue jusqu’aux larmes.

J’ai eu pas mal de monde au téléphone, j’ai répondu à des messages WhatsApp, j’ai regardé des snapchat.

Je vois bien qu’on s’organise tous mais on ne fait pas les fiers.

J’ai entendu une phrase que j’ai bien aimé : « la peur sauve, la panique tue ».

Alors acceptons la peur mais ne paniquons pas.

Je vais bien.

J’espère de tout coeur que vous aussi.