Cher Coronavirus,

Tu permets que je te tutoie ?

On se connait maintenant depuis un petit moment, on se fréquente tous les jours, tu t’incrustes insidieusement dans nos foyers alors on peut se dire TU, non ?

Et puis… Vouvoyer quelqu’un c’est le respecter.

Et pardon, ne le prends pas mal mais je ne te respecte pas beaucoup.

Tu t’attaques lâchement aux plus faibles. Parfois dans un accès de bravoure à « un jeune dans la force de l’âge » mais globalement, t’es quand même pas bien courageux.

Tu joues les bravaches en te frottant aux artistes, aux politiques, aux sportifs, aux princes mais ta spécialité, c’est quand même le petit vieux dans son EHPAD et là, franchement, tu me débectes.

Je dois toutefois reconnaitre que tu es un malin. On t’a pas vu venir. Chez nous tu as pris de court Macron et tout le gouvernement. On est en manque de masques, de gel hydro alcoolique, de tests, de javel et même parfois de papier Q.

Les médecins sont dépassés, les infirmières épuisées et les hôpitaux débordés. Tu sèmes même la zizanie entre les éminents professeurs qui se battent pour savoir si, oui ou non, la chloroquine c’est LE remède pour te foutre une branlée.

Mais t’as vu, on résiste… On les applaudit à 20h TOUS les soirs.

Ça te calme hein ? Non ?

Au niveau mondial, tu t’es bien foutu de la tronche de Boris Johnson, qui a fini par s’acoquiner avec toi à force de serrer des paluches sans te prendre au sérieux.

Et maintenant tu te paies même le luxe de déstabiliser Trump et toute l’économie américaine. Poutine ne fait pas le fier et d’une manière générale, tous ceux qui t’ont traité de « petite gripette » ne font plus les malins, n’est-ce pas Bolsonaro ?

Evidemment dans les pays pauvres, en Afrique ou en Inde, c’est encore plus facile pour toi de faire des ravages !

Ah sacré Covid 19, je peux t’appeler par ton petit nom ? Tu te marres bien.

Pour le commun des mortels, tu fous le boxon dans l’éducation des enfants, dans la vie conjugale, dans le boulot. Tu nous as divisés entre ceux qui foutent rien et ceux qui bossent encore plus, ceux qui se la coulent douce et ceux qui prennent des risques. Tu fais culpabiliser les uns et terrifies les autres.

Bien joué mec !

Plus fort que n’importe quel dictateur.

Tu nous as flingué le monde du spectacle : plus de concert, plus de théâtre, plus de cinéma. On résiste comme on peut avec quelques bouquins et la télé.

Tu nous prives de voyages, de sorties, d’apéros et de restos entre amis ou en famille. Tu nous empêches les câlins et les bisous. Tu nous plonges dans l’incertitude et la paranoïa pour le moindre geste anodin.

Bref, mon petit Corona, tel Lino Ventura dans « les Tontons flingueurs » Je ne voudrais pas te paraitre vieux jeu ni encore moins grossier… l’homme de la pampa, parfois rude, reste toujours courtois, mais la vérité m’oblige à te le dire, tu commences à me les briser menues ! 

Et oui, je dois bien avouer que même si c’est joli quand « la nature reprend ses droits », que la pollution diminue et que les oiseaux chantent plus fort, les photos de mes villes préférées devenues désertes me font froid dans le dos.

Je vivais déjà seule et je me lavais beaucoup les mains. Alors on pourrait penser que tu n’as pas changé grand chose à mon quotidien. Mais mes amis me manquent, ma famille me manque, les concerts, les terrasses, les cours de théâtre, le pilate et les séances de kiné me manquent.

L’épée de Damoclès au dessus de ma tête me cache le soleil de printemps alors… Soit tu me tombes dessus et je t’attends en brandissant fièrement mes trois boites de Doliprane ; soit tu te casses et tu arrêtes de nous em…

Parce qu’au bout du compte, on finira bien par te ratatiner la tronche !

Et si Merlin l’enchanteur se transforme en virus pour battre Madame Mim (merci Sandrine et Manu pour la référence), il n’empêche qu’à la fin, elle se rétablira.

(Regardez au moins à partir de 3ème minute si vous n’avez pas la patience de tout voir et pardon pour la qualité médiocre, je n’ai trouvé que ça!)

J’espère que nous aussi, comme Arthur, nous en tirerons une vraie leçon et que nous nous souviendrons que l’intelligence nous donne la vraie puissance.

En attendant Coronavirus de mes genoux, sache qu’aujourd’hui mon petit cousin Célestin a fêté ses 1 an et qu’à cause de toi, je ne l’ai pas vu « en vrai » massacrer son premier gâteau.

Et ça mon salaud, je ne te le pardonnerai jamais.

Ça fait rien, il va bien, ses parents vont bien, je vais bien.

Et j’espère de tout coeur que ceux qui me lisent aussi.

Sur ce, comme c’est interdit à cause de toi, je me fais un plaisir de ne pas t’embrasser.

Ta pas dévouée du tout Françoise.